Nunu-cheries

On déménage !

Date de publication
21 décembre 2023

Temps de lecture
4 minutes

Thématique
Billet d’humeur

Ça y est, les vacances de Noël arrivent, avec elles la perspective de faire une pause et de souffler un peu. Cette fin d’année a été éprouvante à cause du dernier projet cataclysmique dans lequel on s’est lancé avec mon compagnon… un déménagement ! Et non, je n’en fais pas trop. Je suis une casanière qui aime le confort des petites habitudes et des endroits familiers. Je reste longtemps dans les mêmes lieux et je m’y enracine profondément. Alors quand je change de terre, c’est toujours un peu la panique. Et là, on ne parle pas d’un léger rempotage de printemps, c’est carrément l’exportation ! J’ai troqué ma vie citadine contre celle d’une néorurale.

Coup de foudre

Je suis tombée amoureuse d’une maison. Elle a la forme d’une grande cabane en bois, avec son toit qui descend presque jusqu’au sol. Elle est très belle, plantée là au milieu d’un jardin ombragé par les arbres. Des cerisiers, des conifères, un saule pleureur, des tas de fleurs que je ne connais pas, deux petites mares qui abritent nénuphars, grenouilles et libellules.

Je suis tombée amoureuse de cette maison à la première visite, et pourtant je n’en attendais rien. Sur l’annonce, elle m’avait paru trop propre, trop moderne. Moi je rêvais d’une bâtisse ancienne qui pourrait être habitée par des fantômes. Celle-là ne rentrait pas du tout dans ce que j’avais imaginé, mais on est quand même allé la voir.

J’ai été saisi par le calme, les digitales qui trônaient fièrement à l’entrée du jardin, et le bruit du vent dans les arbres. C’est important, le bruit du vent dans les arbres. Les feuilles qui se chiffonnent et qui se frottent les unes contre les autres dans un bruissement tout doux. J’adore ça !On a fait le tour du propriétaire. On a marché sous les cerisiers dont les branches commençaient à s’alourdir sous le poids des fruits pas encore mûrs – c’était la fin du mois de juin. On a croisé des grenouilles, une corde à linge et une cabane à outils. C’est là que j’ai eu le coup de foudre, je crois. Je m’y suis vue, dans ce jardin, à l’ombre des arbres les soirs d’été. C’est cliché, je sais, et ça sent l’embourgeoisement à plein nez… Mais peu importe, je m’y suis vue !

Dès le lendemain de cette visite, j’ai commencé à dire au revoir à Lyon. J’ai marché dans ses rues que je connais par cœur, je les ai remerciées pour ces si belles années. J’ai tellement aimé déambuler dans ses artères, parmi les immeubles, les boutiques et les restaurants ! Mais je sentais que j’avais besoin d’un ailleurs, avec plus d’espace, plus de calme et plus de solitude. Alors j’ai passé l’été à faire mes adieux au bitume, aux pierres, aux vitrines et aux places sur lesquelles j’ai bu tant de cafés. Dix ans de vie de tout de même. Il faut au moins ça pour clôturer un tel chapitre !

Déménager, devenir étrangère

J’ai très peur du changement. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais ça a toujours été le cas. Et chaque déménagement a bousculé quelque chose.

Il y a eu mon arrivée à Lyon, pour ma première année de fac, qui m’a valu plusieurs mois de maux de ventre. J’ai grandi dans une petite ville, alors toute cette circulation, ce bruit… ça m’angoissait complètement ! J’habitais un studio étudiant que j’ai quitté au bout d’un an, à cause de l’odeur nauséabonde de la salle de bain. J’ai trouvé un joli petit appartement dans lequel j’ai appris à vivre seule, et à aimer ça. Il y a eu ensuite la collocation avec une amie qui est devenue très proche ; un déménagement houleux puisque mon père venait de décédé. Dans cet appartement, j’ai éprouvé le long chemin du deuil, et survécu sans heurt au premier confinement. Puis j’ai emménagé avec mon compagnon, dans les murs que nous avons tout juste quittés. On y aura organisé un mariage, adopté un chat ; j’aurais abandonné ma thèse et lancé mon activité.

Chaque déménagement a donc été un point de bascule vers une nouvelle étape de vie. Et celui-ci ne fait pas exception. Trois semaines après notre installation, j’ai douté pour la première fois. J’ai eu peur. Je n’avais plus aucun de mes repères, je ne me sentais pas chez moi. Je suis tombée sur un billet de blog de l’autrice Diglee. Elle raconte la vague d’inconfort qu’elle a ressenti les premiers temps où elle a aménagé sa maison de campagne. Je me retrouve dans l’anxiété qu’elle décrit.

Et pourtant, je l’ai voulu cette maison ! Je l’ai espéré ce déménagement ! Je l’ai attendu cet isolement ! Mais j’ai quitté Lyon, cette ville que j’aime tant et dans laquelle je suis devenue adulte. Les rues et les immeubles avaient quelque chose de rassurant, alors que tout autour de moi m’est dorénavant étranger. Je ne regrette pas mon choix ! Je prends simplement la mesure du déséquilibre émotionnel qu’il implique. Je sais qu’il va falloir du temps avant de me sentir chez moi. J’ai tout à réapprendre ici ! Mettre en place de nouvelles habitudes, appréhender des lieux inconnus, et rencontrer le voisinage – dont les loirs ou les martes qui ont élu domicile sous notre toit, moi qui pensais laisser derrière moi les désagréments de la copropriété…!

Dessiner une carte mentale

J’ai pris l’habitude d’aller marcher régulièrement pour me familiariser avec ce nouvel environnement. Je sillonne la campagne à la découverte de jolis sentiers. Pour le moment, je ne quitte pas mon portable et vérifie tous mes itinéraires sur Google Maps et Géoportail. Même ceux que j’ai déjà suivis, j’hésite encore. Où tourner ? Est-ce que je vais tomber chez quelqu’un ? Suis-je bien certaine d’éviter cette maison avec le chien qui aboie comme un zinzin ?

Petit à petit, je dessine une carte mentale des chemins que j’emprunte. Et c’est agréablement stimulant ! J’ai envie de ressortir mes aquarelles et de peindre la magnifique palette de couleurs qu’offre cet automne tardif. Alors en attendant de retrouver le temps et l’énergie de le faire, je prends un milliard de photos. Et parfois, j’écris quelques lignes en revenant.

Voilà donc ce qui m’a bien occupé ces derniers mois. Déménager, commencer petit à petit à m’enraciner dans ce lieu, tout en continuant de monter pierre par pierre mon activité. J’ai hâte de faire une pause et prendre un peu de recul sur tout ça ! Et je partagerai certainement par la suite quelques pérégrinations dans ma nouvelle campagne. En attendant, je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année ! Puissent-elles être douces et chaleureuses, sans trop de débats houleux ni prises de tête familiales !

 

À très bientôt !

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