Conte féministe et fable poétique
Date de publication
26 juin 2022
Temps de lecture
2 minutes
Série
Festival d’animation Annecy 2022 (1/4)
Thématique
Culture & société
Du 13 au 18 juin a eu lieu le festival international du film d’animation, à Annecy. Cette année, on a pris nos pass avec ma copine Jodie. On avait super hâte. En amont, on avait préparé avec soin le planning des projections qu’on allait voir. On s’est retrouvées à Bonlieu, le centre culturel, pour récupérer notre carte de festivalières et nos goodies : on était fin prêtes à dévorer des films pendant une semaine ! Voici donc le récit de notre première journée.
« My Love Affair with Marriage » de Signe Baumane
C’est le premier film qu’on a découvert. Il était dans notre liste parce que le dessin nous faisait un peu penser à « Max et les Maximonstres ». Mais honnêtement, on ne savait pas trop où on mettait les pieds. Je ne m’attendais pas à être autant emballée !
Zelma grandit en Lettonie alors que le pays est encore sous le joug de l’ex-URSS. Elle intègre progressivement le discours patriarcal ambiant selon lequel la finalité ultime, pour une femme, est le mariage. Il faut être docile, douce, et se soumettre. Alors qu’elle vit ses premières aventures amoureuses, elle s’étonne de pas atteindre l’épanouissement promis ! De désenchantement en désenchantement, l’héroïne découvre que le conte de fée sur lequel elle a bâti tous ses espoirs n’existe pas. Impossible de s’accomplir en suivant le modèle stéréotypé qui lui est imposé depuis l’enfance…
Vous l’aurez compris, « My Love Affaire with Marriage » est un récit de vie profondément féministe. Critique burlesque de l’institution du mariage, le film déconstruit le discours selon lequel une femme ne peut être « complète » qu’en étant en couple. Non seulement le thème m’a beaucoup plu, mais surtout, j’ai trouvé que le storytelling était particulièrement réussi.
D’abord, à chaque étape importante de sa vie, un drôle de personnage (genre de neurone) explique ce qui se passe dans le cerveau de Zelma. Libération de la dopamine, circuit de récompense, frustration, dépression… Les différents états psychologiques sont décrits de manière scientifique, à base de synapses et de neurotransmetteurs. L’idée est très originale et fonctionne à merveille !
Ensuite, tout au long de son parcours, des espèces d’anges bénis oui oui viennent rappeler les obligations d’une femme. C’est un peu la personnification de la pression sociale que subit l’héroïne. Elles assènent leurs prescriptions en morales en chantant sur des airs jazzy qui rythment le récit. On est sorti de la séance avec une folle envie de groover !
Pour finir, le parti pris de l’animation est, lui aussi, très intéressant. Les personnages, en 2D, évoluent dans un décor en 3 D. Les bâtiments, les paysages, les objets… tout est en maquette, à la manière d’un film en stop motion. C’est un peu comme si Zelma vivait ses aventures dans une maison de poupée. Esthétiquement, le rendu est vraiment chouette et colle bien au côté un peu décalé de la narration.
Vous l’aurez compris, ce film m’a énormément plu. Et je ne suis pas la seule puisqu’il a obtenu la mention du jury ! Je vous recommande vivement de ne pas le louper quand il sortira dans les salles de cinéma. 😉
« The Girl from the Other Side » de Yutaro Kubo
On a plongé avec délice dans cette fable poétique d’une heure. Les images aux couleurs douces et pastels contrastent avec un environnement que l’on comprend hostile. Une malédiction transforme en effet les êtres en arbres ou en créatures sombres, mi-humaines, mi-animales. C’est ce qui est arrivé au Professeur, le héros de l’histoire, homme à la tête de bouc. Quand il découvre Shiva, une petite fille pâle aux allures de Pierrot, elle est endormie dans un linge au beau milieu d’une scène de bataille. Il la sauve et la recueille chez lui, dans une maison isolée du monde dont il se cache.
Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas tout compris à l’histoire. Le film est très mystérieux, et je crois que c’est tout à fait voulu. On retrouve néanmoins les thèmes de la différence, de la peur de soi et de celle d’aimer l’autre, de la violence de l’humanité et de celle de la réponse de la Nature. Pour aller plus loin, je crois qu’il serait vraiment intéressant de lire la version originale en BD. Il y a apparemment une dizaine de tomes. J’imagine que le récit est plus complet et que l’on doit en saisir plus facilement la portée philosophique. Cela dit, même sans avoir tout déchiffré, j’ai quand même passé un très beau moment !
Cette première journée a vraiment été riche en très belles découvertes. Elle annonçait une semaine de régalades cinématographiques. Vous aurez mon rapport sur tous les films que nous avons vus, aimés ou critiqués. La suite au prochain épisode ! 😉
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