Nunu-cheries

Balade algérienne et tremblement de terre à Tokyo

Date de publication
22 juillet 2022

Temps de lecture
2 minutes

Série
Festival d’animation Annecy 2022 (3/4)

Thématique
Culture & société

La quatrième journée au festival d’animation d’Annecy a été la plus chargée. D’abord, on a fêté nos retrouvailles avec Gizmo dans la série préquelle Gremlins, secret of Mogwaii. Eh oui, on est allées voir le premier épisode en avant-première ! Évidemment, ça a fait vibrer nos cœurs nostalgiques, et on a pris un plaisir tout particulier à revoir le petit monstre à l’écran. Ensuite, on a découvert deux longs-métrages en compétition : Khamsa, le puits de l’oubli et Saules aveugles et femme endormie. J’ai beaucoup, beaucoup aimé ces deux films ! C’est de ceux-là dont je vais vous parler.

« Khamsa, le puits de l’oubli », de Khaled Chiheb​

Le premier film d’animation algérien en compétition au festival d’Annecy ! Et c’est une très belle réussite. J’ai été bluffée par la qualité des images. Le graphisme, les décors, les plans… toute la direction artistique est maîtrisée avec soin. On est plongé dans un univers mystérieux dont l’esthétique est très travaillée. La tranquillité apparente a quelque chose d’effrayant : l’ambiance sonore y est pour beaucoup. Peu de musique, mais des sons : les pas qui résonnent, le chuchotement des pierres, des échos sourds…

Adi, le petit héros dans sa grande cape bleue, déambule entre ruines et fantômes à la recherche de ses souvenirs. Il porte un secret si lourd que sa mémoire ne veut pas le lui rappeler. Son histoire interroge le rapport entre la mort et l’oubli. Et si le souvenir était la clé de la vie éternelle ? Je ne suis pas sûre d’avoir saisi tous les symboles, parce que je ne maîtrise pas les références de la culture nord-africaine. Mais j’ai suivi le cheminement du petit personnage avec beaucoup d’intérêt et de curiosité, dans ce puits obscur à la fois paisible et angoissant.

khamsa le puit de l oubli de Khaled Chiheb

« Saules aveugles et femme endormie », de Pierre Földes​

Le film de Pierre Földes a obtenu la mention du jury du festival d’Annecy, et c’est, de mon point de vue, tout à fait mérité. Il s’agit de l’adaptation d’un livre de Haruki Murakami. Je ne l’ai pas lu, mais j’aime bien l’auteur — j’avais notamment adoré L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, et les deux premiers volets de 1Q84. J’ai retrouvé dans le film tout ce qui m’a plu dans ces lectures :

  • des personnages étonnants, souvent en prises avec des questions existentielles, et dont la psychologie est profonde ;
  • des péripéties étranges, parfois carrément surnaturelles.


Saules aveugles et femme endormie
est une sorte de film-chorale. Trois destins se croisent et se séparent :

  • celui d’un attaché commercial passif ;
  • celui de sa femme qui le quitte en lui laissant une lettre énigmatique ;
  • celui d’un comptable envahi par son travail, qui tend vers la schizophrénie.

Ce sont des personnes ordinaires, des antihéros un peu dépressifs et spectateurs de leur propre vie. À la suite d’un tremblement de terre à Tokyo, une série d’événements plus ou moins fantastiques bouleverse leur vie. Une grenouille qui parle, un chat perdu, le souvenir d’un secret confié… Leurs aventures sont ponctuées d’incidents et rencontres tantôt émouvantes, tantôt absurdes. Elles sont présentées avec beaucoup d’humour. Certains dialogues sont hilarants, notamment entre le comptable et son ami Frog qui vient régulièrement lui rendre visite. Le rythme de la narration est contemplatif. Il accompagne à merveille les décalages et originalités de l’histoire.

La bande-son est également remarquable. Le jazz accompagne des scènes intimes de confidences qui se déroulent souvent dans une ambiance insolite. Le classique apporte quelque chose de grandiose. J’ai notamment souvenir, à la fin du film, d’un plan sur un orage naissant, et sur l’expérience de dissociation de l’un des personnages. La montée en puissance de la musique rend la scène monumentale !

saules aveugles et femme endormie de Pierre Földes

Voilà donc pour cette quatrième journée au festival. Vous l’aurez compris, j’ai été emballée par ces deux très belles découvertes. Et ce n’est pas fini ! La projection que j’avais prévue le lendemain m’a également beaucoup marquée. Je vous en parle dans le prochain épisode ! 😉

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