Nunu-cheries

Les courts-métrages de Claude Barras et l’invention de l’animographe

Date de publication
12 juillet 2022

Temps de lecture
2 minutes

Série
Festival d’animation Annecy 2022 (2/4)

Thématique
Culture & société

Troisième journée au festival d’animation d’Annecy. Au programme : les courts-métrages de Claude Barras, et un documentaire passionnant sur l’animographe. On s’est laissé entraîner aux côtés d’un génie malicieux, d’un tueur en série et des Shadoks (qui pompaient, bien entendu).

festival animation annecy

Les courts-métrages de Claude Barras : l’enfance, la violence et l’exclusion

Pour l’édition 2022, le festival mettait à l’honneur le cinéma d’animation suisse. C’est dans ce cadre qu’était proposée une rétrospective des courts-métrages de Claude Barras (réalisateur, collaborateur de scénario et producteur). Il est connu pour son film Ma vie de Courgette sorti en 2016, qui a obtenu un oscar. J’avais beaucoup aimé, mais je ne connaissais pas ses autres œuvres. Cette séance m’a permis de découvrir un univers très original, tantôt déjanté, tantôt noir, tantôt mélancolique.

On trouve chez Claude Barras un petit côté Tim Burton dans la mise en scène souvent burlesque de la mort. La violence physique est très présente, mais tellement obscène qu’on finit par en rire. C’est le cas dans Land of the heads (2009), où une reine capricieuse ordonne à son mari de lui rapporter des têtes de jeunes filles pour changer de visage. Il semblerait d’ailleurs que le réalisateur ait un truc particulier avec la décapitation. Cette thématique revient à plusieurs reprises ! La violence est également tournée en dérision dans Monsieur l’assassin X (2012). Une petite fille harcelée par d’autres enfants rencontre un tueur en série et se lie d’amitié avec lui. On retrouve un peu du Silence des agneaux, et pas mal de The Voices de Marjane Satrapi. C’est glauque, mais plutôt marrant !

La mort n’est cependant pas toujours tournée en dérision. Dans Sainte barbe (2007), un petit garçon doit surmonter le décès de son grand-père. L’histoire veut que la barbe de ce dernier ait des pouvoirs magiques. Lorsque l’enfant, qui est chauve, part l’enterrer dans la forêt, celle-ci repousse sur son crâne. Une belle allégorie du deuil et de l’importance du rituel de l’« au revoir ».

banquise de claude barras

Une autre thématique qui revient très souvent, et qu’on retrouve dans Ma vie de Courgette, est celle de l’expérience de l’exclusion dans l’enfance. Ainsi, victime de railleries sur son poids, la petite Marine meurt littéralement de chaud, emmitouflée dans un gros manteau qui cache ses rondeurs (Banquise, 2005). C’est aussi la raison pour laquelle la jeune fille de Monsieur l’assassin X se lie d’amitié avec un psychopathe. Son visage disgracieux lui vaut d’être insultée et rejetée. Elle ne trouve le réconfort qu’avec quelqu’un en marge de la société. Dans les films de Claude Barras, le « méchant » n’est donc pas toujours celui auquel on pense en premier… !

« L’animographe, ou Je suis né dans une boîte à chaussure », le documentaire de Thierry Dejean

Inventé par Jean Dejoux dans les années 1960, l’animographe a permis de réaliser des animations avec seulement 6 images par seconde. Le principe de la machine était d’utiliser la persistance rétinienne. Notre œil garde en mémoire une image pendant un dixième de seconde après son apparition. En combinant ce phénomène avec l’application d’un fondu entre les images, cela donne une impression de mouvement.

Les films d’animation de l’époque comptaient 24 images par seconde, ce qui impliquait un temps de réalisation très long. Ce format s’adaptait mal aux exigences de la télévision. Grâce à l’animographe, on pouvait créer rapidement des courts-métrages avec très peu de dessins. C’est comme ça que les Shadoks sont nés !

Malheureusement, la France n’était manifestement pas prête à accueillir la machine. Jean Dejoux s’est rapidement vu remercier par l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). Il n’a pu pleinement exploiter son invention qu’en s’expatriant aux États-Unis. Le passionnant documentaire de Thierry Dejean retrace toute cette histoire : à voir !

Voilà pour cette troisième journée de festival. Les projections m’ont vraiment beaucoup plu.
La suite au prochain épisode ! 😉

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