Nunu-cheries

Petites névroses et grands projets… ou l’inverse !

croquis de chat nunu

Date de publication
8 juin 2023

Temps de lecture
5 minutes

Thématique
Billet d’humeur

Ça fait un moment que je n’ai rien publié par ici. Ce n’est pas faute d’avoir des idées ! La liste des sujets dont j’ai envie de vous parler s’agrandit un peu plus chaque mois. Le problème, comme toujours, c’est le temps ! Compliqué de monter son activité et de tenir régulièrement un blog… J’ai pas mal de travail en ce moment, ce qui est plutôt positif. Des projets vraiment sympas et variés qui occupent bien mes journées. Ça m’amuse beaucoup, et je sens aussi que ça libère de plus en plus mon écriture. Mais du coup, j’ai de plus en plus envie d’investir cet espace. 😉

On rembobine

Il y a un an, à cette même période, je terminais ma formation en rédaction web et créais mon statut d’autoentrepreneuse. Tout était prêt pour que je me lance pour de vrai. Mais je n’y arrivais pas. Quelque chose en moi bloquait, je ne savais pas vraiment quoi. J’avais tous les outils pour démarrer mon activité, mais impossible de démarcher, et surtout d’écrire…

Quelques mois plus tôt, en septembre 2022, j’avais pris une grande décision : j’arrêtais ma thèse après 6 ans de recherches sur le droit de propriété. Les mois qui ont suivi, j’ai cherché à occuper mon esprit constamment et surtout à avancer pour ne pas regretter. J’ai créé ce blog, trouvé une formation en rédaction web, suivi des cours d’illustration… J’ai méticuleusement rempli chaque espace de mon emploi du temps pour qu’il n’y ait AUCUN vide. Et puis l’été est arrivé. Toutes ces activités ont naturellement pris fin.

J’ai alors travaillé sur mon tout premier projet : le site web d’un ami avocat qui se lançait en indépendant. J’étais super contente de pouvoir l’aider ! Mais l’écriture, mazette… Comme c’était difficile ! Je tournais chacune des phrases de mille façons différentes avant de passer à la suivante. Des heures pour un seul paragraphe… Je suis quand même arrivée au bout, et le résultat était bon. Mais clairement, en prenant autant de temps, il n’y avait aucune chance pour qu’un jour je sois rentable !

Alors vous allez me dire : « oui mais c’est normal au début, d’être lente ». Et je vous répondrai qu’en effet, c’est normal pour quelqu’un qui débute. Mais ce n’était pas vraiment mon cas ! Je sortais quand même de six années de doctorat, soit six années de recherche qui avaient nécessité pas mal de rédaction ! Il m’a fallu du temps (et quelques séances chez la psy) pour prendre conscience que mon blocage était probablement dû à une forme de traumatisme post-arrêt-de-la-thèse.

Impossible d’écrire

Quand on travaille sur une thèse en droit (c’est sans doute un peu pareil dans les autres disciplines des sciences humaines), on passe les premières années à éplucher les bouquins et les textes juridiques pour avoir de la matière. Puis on élabore un plan, ou plutôt une ébauche susceptible d’évoluer au fur et à mesure qu’on avance dans le travail. Et alors on se lance dans la rédaction pure et dure. C’est souvent une étape très compliquée parce qu’on a peur, qu’on ne se sent pas légitime, et qu’on passe son temps à se cacher derrière des milliards de références en notes de bas de page pour assurer à notre futur jury que ce qu’on dit c’est pas du bullshit puisque tel professeur hyper connu l’a publié dans telle revue hyper scientifique. Bref, on est TRÈS loin d’une écriture fluide et spontanée.

 

En principe, ça se décoince avec le temps, à force de remplir des pages et des pages. Mais moi, je suis restée complètement bloquée, pour plein de raisons différentes. Le contexte de travail au laboratoire s’était dégradé, en particulier avec le COVID (mais pas que), et je n’arrivais pas à m’approprier l’angle de mon sujet. J’étais constamment le cul entre deux chaises : celle sur laquelle je voulais m’assoir et celle que me présentaient mes directrices de thèse.

 

Toutes ces raisons, j’en avais pleinement conscience, et c’est ce qui m’a poussé à arrêter. Tel que je l’avais conscientisé, mon abandon n’était donc pas un échec. C’était la conséquence d’une impossibilité, liée au contexte, de mener à bien ce travail. Mais entre ce qu’on se raconte rationnellement, et ce qu’on vit émotionnellement, il y a souvent un fossé ! Et je me suis retrouvée en face de ce trou béant, incapable de passer de l’autre côté, comme si je ne savais plus mettre un pas devant l’autre ; comme si je ne savais plus écrire…

 

En parlant autour de moi, j’ai constaté que beaucoup de mes camardes de thèse avaient vécu des choses similaires, même en allant au bout de la course. Leur rapport à l’écriture avait été abîmé, et il leur avait fallu beaucoup de temps avant de retrouver l’envie et le plaisir. Pour certains et certaines, ce n’était même pas encore tout à fait revenu.

 

La thèse est un très bel exercice, et aujourd’hui encore je reste convaincue de son intérêt. Jamais je ne regretterais de m’être lancée de cette aventure ! Mais c’est aussi un exercice qui peut briser, très violemment, y compris lorsqu’on en vient à bout. Et contrairement à ce que je pensais au départ, le plus difficile à supporter ce n’est ni la solitude, ni l’exigence du travail demandé, mais bien plutôt l’environnement parfois (doux euphémisme) toxique, la dévalorisation constante et insidieuse.

Débuguer la machine

L’avantage, une fois qu’on a mis le doigt sur ce qui bloque, c’est qu’on a enfin une prise pour essayer d’améliorer les choses ! Alors j’ai travaillé sur ma névrose. Je me suis lancée dans la rédaction d’un article que j’avais en tête depuis plus d’un an, sur un sujet qui me tenait à cœur entre le droit, l’histoire des idées politiques et l’écoféminisme. J’ai galéré à m’y mettre, souffert de crises d’angoisse sur le chemin de la bibliothèque, cherché des subterfuges pour essayer de lâcher prise.

En parallèle, j’ai commencé à pratiquer l’écriture libre. Tous les matins, je remplissais quatre pages d’un cahier avec tout ce qui me passait par la tête. Et quand je n’avais rien à dire, j’écrivais que je n’avais rien à dire. Souvent, ça débloquait d’autres choses. J’ai aussi fait des séances d’hypnoses qui ont vraiment bien fonctionné. J’y ai rencontré mon ours intérieur ; c’était un très beau moment (je l’avais dessiné et raconté sur ce blog d’ailleurs)… ! Et petit à petit, étape après étape, j’ai repris confiance.

Chercher la spontanéité

Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir passé le plus dur. Ça fait plusieurs mois que j’ai retrouvé le goût de l’écriture, et le lâcher-prise nécessaire pour travailler sereinement. Mais je continue à rechercher la spontanéité, et ce tant dans la rédaction que dans le dessin. Il y a là quelque chose qui tient aussi à ma personnalité : je suis quelqu’un d’assez scolaire, j’aime la sensation de maîtriser parfaitement les choses. Or le perfectionnisme tue la créativité !


Alors j’essaie, pour mes projets personnels, de travailler là-dessus, d’arrêter de réfléchir et de produire des choses plus naturelles, plus instinctives. Je m’efforce de dessiner directement au feutre, sans pouvoir effacer et me reprendre ; ou d’écrire sans définir de plan, ni même parfois de trame précise. Mettre en veille le cerveau analytique pour que quelque chose d’autre puisse s’exprimer… On y arrive très bien enfant ; c’est terrible à quel point on peut se brimer en grandissant !


À travers cette recherche de lâcher-prise, je nourris secrètement l’envie (plus tellement secrète puisque je vous en parle) d’écrire quelque chose sur le sujet de ma thèse : la propriété. Ou plutôt, je voudrais écrire cette thèse en me délestant de toutes les exigences universitaires. Un texte simple, pourquoi pas avec un peu d’humour même si le fond reste sérieux. Quelque chose de léger et surtout d’accessible, qui pourrait être lu par tout le monde, juristes et non-juristes. Par vous, par exemple !


J’ai déjà acheté un joli cahier exprès pour ce projet. C’est fondamental, un beau carnet. Si le support est moche, difficile d’avoir envie de le remplir. Enfin, c’est comme ça que je fonctionne ! Je veux écrire un premier jet à la main, surtout pas sur ordinateur. Je risquerais de passer mon temps à vouloir vérifier ou étoffer tout ce que je dis en cherchant de nouveaux articles scientifiques hyper pointus que je mettrai des heures à déchiffrer. Vous l’avez compris, on perdrait un peu de vue la spontanéité… !


Bref, voilà mon prochain challenge. Si j’arrive à m’y mettre, et à bien avancer, peut être que je publierai ici certains passages, juste pour voir ce que vous en pensez. Vous jouerez le rôle de cobayes en quelque sorte !

Il est grand temps de conclure ce petit billet de juin ! J’ai beaucoup trop parlé, et si vous êtes arrivé·e jusqu’ici, je vous remercie sincèrement pour votre patience ! J’aimerais prendre le temps de publier un peu plus ici cet été. On verra si c’est possible avec mon travail. En tout cas, j’ai plein d’idées de sujets ! Peut-être que je vous demanderai vos avis sur les réseaux sociaux d’ailleurs. 😉

En attendant, je vous souhaite un très beau mois de juin
et vous dis à bientôt !

Avec nunucherie 🐾

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